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Quelques questions à Anne-Catherine Pozza, Orchydia
Comment établissez-vous la passerelle entre les problématiques de management et votre concept ? La passerelle est la même que celle qui existe entre le conscient et l'inconscient. Par analogie avec le processus créateur révélé grâce à ce concept, vous passez d'une rive à l'autre. La métaphore est un support extrêmement puissant, dont les effets ne sont pas toujours compréhensibles au monde cartésien. C'est plus que surprenant et très efficace.
Pourquoi appelez-vous cela « La Métaphore du risque » ? La créativité, c'est faire des assemblages surprenants. Associer la poésie et la gestion du risque. Amener de l’Art dans le business. L’écriture est un outil précieux pour faciliter la verbalisation. J’anime des ateliers d’écriture depuis 2000 et j’ai observé à quel point la prise de conscience de notre processus créateur est éclairante sur la compréhension de nos stratégies d’action et processus mentaux. Grâce à l’écriture, nous explorons des sphères sans risque - écrire n’est pas dangereux – qui vont nous permettre de rencontrer nos démons, nos limitations, ce qui nous freine, ce qui nous attire et notamment lorsque l’on aborde le champ merveilleux de l’Eros. La Métaphore du Risque, c’est raconter notre propre histoire, nous l’approprier, en devenir pleinement conscient et apte au changement.
Comment envisager une amélioration de mes performances après votre proposition d’immersion ? La plupart des formateurs vous entraînent vers une meilleure performance, plus vite, mieux, plus compétent. Ce que je vous apporte, c’est un temps d’arrêt pour aller en profondeur. Il ne s’agit plus ici d’aller plus vite, mais de s’arrêter pour décider si vous allez dans la bonne direction. Partir pour mieux se retrouver. Ralentir pour mieux se recentrer. La notion de performance, nous pourrons la définir ensemble, selon votre propre vécu, vos besoins du moment. L'isolement des dirigeants est un fait. Les sollicitations et les pressions de plus en plus fortes en font des candidats au stress, voire au burnout. S'arrêter, créer une rupture, c'est l'anticiper, la prévenir.
Quelle est votre connaissance du monde des managers ? J’ai travaillé comme cheffe de publicité et côtoyé nombre de personnes dans des situations de direction. Je pressens une grande solitude et un grand silence autour du manager. Je le vois sur un radeau naviguant sur une mer immense. La plupart des coaches vous diront que le fait de ne pas connaître un domaine donné est un plus pour l’accompagnement. J’aborde mon interlocuteur avec attention, ouverture sans prétendre maîtriser son domaine d’activité, ses soucis, ses difficultés. Chaque être humain est unique. Il détient sa propre solution qui est valable dans l’instant, et c’est précisément grâce aux compétences du coach, de son questionnement qu’il ou elle saura faire émerger les valeurs, les réponses, les solutions adéquates pour résoudre des questionnements du moment. Je focalise mon attention sur le comment, plus que sur le quoi. Le non-verbal plus que sur le contenu. Et cela me permet de rencontrer toutes les professions, sans les avoir exercées. Etre en adéquation avec la personne, plus qu'avec son activité ou son profil.
Quels sont vos outils, vos systèmes, vos compétences spécifiques ? Par mon ouverture d’esprit, mon sens de l’écoute, j’ai une aptitude particulière à recevoir la confidence. Cela se fait tout naturellement. Je pose peu de questions, juste les bonnes. J’ai un éventail d’outils de créativité que j’ai développés, avec l’écriture, notamment et d’autres moyens d’expression. Eureka! - écriture d'anticipation, est très recherché par les créateurs, les services de marketing et R&D. Est-ce que cela vous rassure si je vous décline la palette des diplômes que j’ai glané sur mon parcours de vie ? Vous trouverez mon pedigree sur le site. Les titres sont-ils les garants de la qualité ? Chaque accompagnement est une rencontre.
Un chef d’entreprise peut il mieux gérer des situations conflictuelles et des tensions permanentes après un séminaire avec vous ? Cela dépendra de lui et de son envie de modifier son comportement. Il aura expérimenté quelques outils qui lui permettront de faire des prises de conscience importantes. Comme dans le jeu des échecs, le pion de l’adversaire avance en fonction de notre prise de position. Le temps et d’autres expériences sont ses meilleurs alliés. Plus j'accompagne des personnes à vivre pleinement l'instant présent, plus ils lâchent prise, abandonnent leurs peurs, leurs résistances au changement, aux contraintes, aux contrariétés, se libèrent du stress et gèrent mieux leur état émotionnel. Donc, oui. Ils sont mieux armés pour affronter les nouvelles expériences que la vie ne manquera pas de leur amener.
En quoi le fait de bien manager, voire même créativement va aider le manager à être plus performant dans son entreprise ? L’innovation est vitale. C’est là le nouveau crédo. Je ne vous apprends rien. Ce qui sort de vous – ce que vous créez – dépend de ce que vous ingurgitez et surtout comment vous le digérez. Comment voulez-vous être novateur si vous restez confiné dans le train-train du connu, carcan étouffant et ô combien rassurant. Reconnaître ce besoin de sécurité est un premier élément, l’intégrer en conscience, plutôt que de le déléguer à l’extérieur de soi est une phase plus délicate. Tout notre environnement conditionne ce que nous absorbons. L’air que nous respirons, les rythmes de travail, les processus, les êtres humains qui nous entourent, les lois, les règlements, les contraintes, les couleurs du bureau, des locaux, l’ergonomie, le confort. Tous ces éléments, dès lors qu’ils sont agréables pour moi - pour autant que je m’octroie le droit de mettre à ma disposition un maximum de facilité - vont déterminer mon aptitude à accepter ou à me conformer ou pas à certaines choses, des contraintes inéluctables par exemple. Voilà pourquoi la bouche est un Royaume et un réceptacle. Grâce à elle, vous ferez des prises de conscience essentielles qui vous amèneront à modifier certains éléments de votre entourage. Et vous le ferez en conscience. Des petites choses peut-être, pour commencer, mais qui vous apporteront beaucoup.
« Tout ce qui est à l’extérieur est aussi à l’intérieur ». Oui, et vice versa. C’est la vision hologrammique du monde. Lorsque vous observez quelque chose, un objet ou un comportement à l’extérieur de vous qui vous déplaît. Vous voyez quelle énergie, stratégie vous déployez pour résister à cette chose. Une fois cette chose reconnue à l’intérieur de vous – un élément sorti de l’ombre, vous le mettez en lumière et vous le reconnaissez – et vous l’acceptez pleinement. Vous lui donnez du sens, et ainsi, avec le lâcher prise, cette chose n’est plus un obstacle, mais une chance de mettre de la lumière, de la compréhension, de la fluidité dans votre rapport à vous-même et aux autres. Adieu la peur, adieu le stress !
Parlez-moi de la notion de « risque du paradoxe ». C’est l’équation peur maximum et sécurité maximum. Tous les éléments qui ont trait à la sécurité font partie intégrante du processus de « la Métaphore du risque© ». Pas d’appel, pas d’internet, pas d’indice boursier, ni prévision météorologique. Lorsque l’humain a intégré son besoin de sécurité, cela se manifeste par la confiance en soi. Il n’a plus besoin de l’exiger à l’extérieur. C’est une relation d’adultes responsables que nous établissons et la prise de risque est indissociable, voire inhérente à l’Innovation. C’est en OSANT que l’on devient libre et créatif.
La vie est remplie d’obstacles et les managers doivent lutter contre la concurrence. Plus de 80% des obstacles sont formés pas nos résistances mentales. Et c’est celles-ci que nous allons dissoudre progressivement, à votre rythme, tout en douceur. Retrouver la fluidité dans votre existence de tous les jours, c’est accepter ce qui est et avoir l’esprit clair pour trouver et appliquer la solution la plus adéquate. Que vous ayez à licencier du personnel, fermer une usine, faire accepter une décision qui oscille entre des contingences économiques et des questions éthiques. Lorsque vous êtes dans la résistance, le jugement, la critique, vous générez une tension, source de stress qui mène certains au burnout.
Comment vous y prenez-vous pour arriver à ce résultat ? Tout d’abord, je crée une rupture consentie (l’absence du dirigeant, inatteignable pendant 48 heures). Puis, je mets en place une infrastructure légère et efficace qui favorise la fluidité (pas d’attente, transport facilité, horaires souples), rire et détente. Vous savez, ce n’est parfois qu’une question d’attitude ! C’est un apprentissage du lâcher prise. Et puis tout au long du parcours, je parsème le sentier de surprises…(silence souriant)…
Des surprises ? Oui, des événements surprenants, des lieux insolites, des expériences uniques et toutes simples.
Un PDG encravatté, les pieds dans une rivière ??? Un PDG, quelque soit sa position hiérarchique ou sociale n’en reste pas moins un homme avant tout ! Et c’est cette dimension là que fait renaître ce séminaire.
Des résultats concrets ? Plus d’intégrité dans leurs choix. Congruence entre leurs valeurs et leurs actes. Recentrage, foi en l’avenir, libre-arbitre, plus d’élan, confiance en soi. Ils savent dorénavant pourquoi ils font telle ou telle chose et ils l’assument plutôt que de la subir.
Parler du désir dans l’Entreprise ? Comment envisagez-vous cela ? Le désir et la peur sont des dualités autour desquelles il existe tant de tabous, d’interdits qu’ils en sont réduits à s’exprimer presque exclusivement dans la sphère privée. Le désir est un moteur, un propulseur. Je l’explore principalement dans la notion de créativité, d’innovation, d’audace.
Je ne vois toujours pas pourquoi un dirigeant va subitement changer sa façon de manager ou de faire des affaires ! ça paraît utopique. C’est au nom de son humanité qu’il le fera avant tout, car derrière le masque, il y a un homme, qui doute, qui est isolé, et qui cherche par toutes sortes de moyens de se libérer de ses angoisses – que souvent il ne s’avouera pas – mais qui tôt ou tard se manifesteront sous forme de stress notamment. Libéré de la peur, en cohérence avec vos valeurs propres, vous retrouvez le feu sacré, « the fighting spirit ». L’art du combat tout en restant zen à l’intérieur.
Ca paraît si facile… Ca l’est et au même temps cela peut prendre un certain temps avant de s’installer complètement dans votre existence. La première phase consiste en une prise de conscience, suivie du repérage des comportements, puis la modification pérenne de ces comportements. C’est bien sûr un résumé.
Cela voudrait-il dire que votre concept est inefficace ? Lorsque vous entreprenez le chemin du « nouveau guerrier », vous vous rendez compte que c’est le premier pas qui est difficile. Dans le processus enclenché par la Métaphore du Risque, c’est comme une flamme que l’on ravive, celle qui couvait sous la cendre. Après deux jours et demi d’immersion, vous choisirez de préserver ce feu par vos propres moyens. C’est l’autonomie qui est favorisée dans l’approche orchydienne.
Pourquoi parlez-vous de « nouveau Guerrier »? Le nouveau Guerrier est un être profondément humain, incarné, perfectible, à l’écoute de ses pulsions, protégeant son territoire, combattant pour vivre, il peut être un redoutable adversaire. Il agit toujours en conscience. Ses choix sont éclairés, justes et intègres. Il se comporte au mieux de ses capacités et connaissances du moment, par amour pour lui, au service d’une cause, au sein d’un communauté, société, culture, environnement, pour le bien de la collectivité. Autour de lui se dégagent la poésie, le charme et la Métaphore du risque.
N’est-ce pas un peu naïf comme vision, un peu fleur bleue comme modèle. Voire ésotérique, non ? Quand vous regardez tous les jours le monde au travers d’un carré, il peut paraître étrange de le découvrir un jour au travers d’un rond. Et pourtant, le monde reste toujours le monde. C’est la vision qui change. Et si cette perspective vous rend plus heureux, pourquoi vous en priver. Vous pourrez toujours reprendre vos lunettes carrées. Vous aurez appris une chose : « Que les choses ne dépendent que du regard que sur elles tu poses ». Avez-vous déjà vu imprimée une carte du monde chinoise, ukrainienne, américaine ou groenlandaise. Nous avons appris à l’école de voir l’Europe au centre du monde. Et vous pensez que c’est le seul point à partir duquel nous devons envisager l’existence ? Ce que mon accompagnement apporte - entre autre - c’est un élargissement de point de vue, une palette de choix. Le monde n’est plus noir ou blanc, mais devient un magnifique échantillon d’une multitude de gris. Le libre-arbitre s’y trouve !!
L’idéal serait d’enlever complètement les lunettes, rondes ou carrées .. Vous avez raison. C’est l’histoire d’une vie. Magnifique histoire… Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Retrouvons nous autour d’un prochain déjeuner en tête à tête et faisons plus ample connaissance. Le restaurant du Parc des Eaux-Vives à Genève, par exemple, me semble être propice aux rêves et à la concrétisation de ceux-ci.
Anne-Catherine Pozza
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