BIEN-ETRE AU TRAVAIL 
Et si l’on mettait un peu plus d’amour dans l’entreprise ?


Malaise, mal-être, risques psychosociaux, burnout, suicide voilà ce que l’on entend aujourd’hui dans les médias, dans les lectures spécialisées et les échanges avec mes stagiaires le révèlent aussi. Alors certaines organisations se disent qu’il faudrait remettre l’humain au cœur de l’entreprise. Nous devons changer de paradigme : il ne s’agit pas de remettre l’humain à une place où il ne serait plus, mais de reconnaître, de prendre conscience simplement qu’il est, de fait, le cœur de l’entreprise.

A quoi sert le cœur d’un humain ? A insuffler la vie par ses battements réguliers et à assurer la circulation du sang dans l’ensemble des membres du corps, des cellules.
Et quand il est fatigué, malade, les organes sont moins irrigués, le corps se fatigue.
C’est la même chose dans le milieu de l’entreprise ; lorsque le cœur de l’entreprise, donc l’humain est malmené la démotivation, l’absentéisme, le mal-être guettent
En revanche si l’on sait prendre soin de ce cœur, alors, vitalité, énergie, enthousiasme, motivation sont au coeur de la dynamique de l’entreprise !

Le cœur a-t-il une autre fonction ? Oui, d’aimer !
Aimer une personne c’est lui accorder de la valeur, lui montrer qu’elle a de l’importance pour nous, qu’elle existe.
Alors de quoi s’agit-il, qu’est-ce que l’amour dans le milieu de l’entreprise ?
Comment pourrions nous « introduire, diffuser, propager » plus d’amour dans l’entreprise ?

De plus en plus d'organisations souhaitent aujourd'hui mettre en place une nouvelle manière de prendre en compte l'humain.
Lorsque j'accompagne ces organisations, je les invite à mettre l'amour au centre de leur dynamique de croissance.

A travers des gestes simples, qui rétablissent le lien, l'écoute et la prise en compte de l'autre.
 En provocant des petits "changements de perspective", qui incitent à reconnaître les compétences de chacun et le potentiel du collectif.
En amenant un regard différent sur le rôle du manager, moteur de l'enthousiasme et de la motivation de ses équipes.

Ma réflexion se compose de 7 idées clefs.

Ce premier principe part d’un constat évident : l’amour n’est possible qu’à partir du moment où nous sommes en lien avec une personne.

1. L’amour dans l’entreprise, c’est être en relation :
Alors la première question à se poser est de savoir comment dans notre organisation, notre équipe, nous créons du lien ?

Je fais le constat qu’aujourd’hui c’est l’inverse qui se passe, il existe une grande sécheresse relationnelle dans les organisations, les outils technologiques, comme le mail, amènent au fait que les personnes se croisent moins , échangent moins, soit par facilité, cela évite de se déplacer, soit par obligation, certaines entreprises exigent que les collaborateurs n’utilisent que ce moyen afin de gagner du temps, de même que certaines ont enlevé la machine à café afin d’éviter les pertes de temps. Donc conclusion plus de lien et plus de café ! Certains se questionnent de savoir si dans ces conditions il ne serait pas mieux de travailler à domicile avec son café !

L’être humain a un besoin existentiel, viscéral, vital, d’être en relation avec les autres ; vous doutez ? Faites le test de vous retirer dans un lieu perdu, une grotte ; attendez l’été pour cela ! Où vous ne croisez personne et dites moi combien de temps vous avez tenu à n’être en relation avec personne.

L’amour passe déjà par là : être en relation avec les autres, alors que mettez-vous en place dans votre organisation pour créer du lien, existe-t-il un lieu de convivialité ? Les personnes peuvent- elles se parler librement ? Sans être contraintes d’utiliser en permanence le mail ? Existe-t-il des regroupements dans l’année ? Une fête de fin d’année ? Un pot pour se féliciter d’avoir remporter un projet …

Le simple fait de recréer du lien entre les personnes est source de mieux-être pour les salariés d’une entreprise.

Des actions concrètes pour créer du lien :
- Réinstaurer les pauses café avec un temps limité ; il est dommage que d’une problématique individuelle nous en fassions une règle générale.
Exemple : un manager a des difficultés à exprimer son mécontentement à une ou deux personnes concernant la longueur des pauses, donc la machine à café est supprimée. Ce que je vous dis est réel, je l’ai entendu, de même que faire des salles de réunions borgnes, pour éviter que les gens s’éternisent en réunion.
Il aurait été plus utile d’apprendre à l’animateur de gérer les processus relationnels afin que les réunions se terminent à l’heure ! Une formation sur le thème de l’assertivité dans ce cas pourrait être fort utile.

- Trouver des motifs pour créer des événement conviviaux (fêtes de fin d’année, félicitations pour un projet abouti …) si le taux d’absentéisme à ces évènements est important, posez vous des questions. Lorsque des amis nous invitent à passer une soirée chez eux, si nous y allons avec enthousiasme c’est que nous entretenons de bonnes relations avec eux !

- Pour les managers qui seraient éloignés de leurs collaborateurs géographiquement, instaurer un temps de partage téléphonique ou physique régulier.

- Pour les services ou fonctions mettre en place des ateliers relationnels, des groupes d’échanges de pratiques pour avoir un lieu pour partager, échanger, trouver des solutions en lien avec des difficultés rencontrées.

Réflexion :
1. Qu’est-ce qui est mis en place dans votre organisation pour créer du lien ?
2. Quelles suggestions aimeriez-vous faire à votre direction, votre manager, votre service ressources humaines pour créer ou restaurer le lien ?
3. Vous-même, que mettez-vous en place pour créer du lien avec vos collègues, vos collaborateurs, votre hiérarchie ?

2. L'amour dans l'entreprise c'est savoir reconnaître les personnes
Les signes de reconnaissance, c’est cette capacité à reconnaître l’autre, à lui signifier qu’il existe, qu’il est important, qu’il a de la valeur.
Le premier des signes de reconnaissance est le « bonjour » vous allez me dire Sylvie nous n’allons pas faire un paragraphe sur le « bonjour ». Et bien si ! Pourquoi ? Parce que je suis stupéfaite du nombre de stagiaires qui me disent que leurs collègues ou leurs supérieurs ne leurs disent pas bonjour et le malaise, mal-être associé à cela.
Dire bonjour à son collaborateurs le matin c’est lui signifier qu’il existe, qu’il est important et ça c’est de l’amour !
Souvent lorsque que je vais démarcher des entreprises, des collectivités je prends l’ascenseur - où il y a 98 % des salariés ou agents de la même structure - pour me rendre dans les bureaux, et bien les personnes ne se disent pas bonjour, elles travaillent dans la même entreprise, ont le même patron, sont amenées peut-être à échanger des mails dans la journée, voir à travailler ensemble sur un projet transversal, ne connaissent pas de visu leurs interlocuteurs et le matin dans l’ascenseur elles ne se disent pas bonjour, cela ne vous choque -t-il pas ? Moi si !
Reconnaître la personne c’est aussi savoir lui donner des signes de reconnaissance positifs comme un merci, un bravo, « je suis fier de vous » ..
Savez-vous donner des signes de reconnaissance à vos collaborateurs, collègues ?
Il existe une grande pénurie des signes de reconnaissance positifs dans le monde des organisations comme dans le monde de l’éducation aussi d’ailleurs.
Donner un signe de reconnaissance à son collaborateur ce serait le féliciter pour son investissement sur un projet ; « merci d’avoir investi du temps pour boucler le projet en temps et en heure » ; ce serait dire à son supérieur que l’on apprécie de travailler avec lui ; que l’on apprécie ses compétences, ses qualités ; certains vont me rétorquer qu’ils n’ont rien de positif à dire à leur chef ! Dans ce cas là ne dites rien car lorsque l’on donne un signe de reconnaissance il doit être authentique, sincère mais cherchez bien il y a toujours une part de bien, de beau chez l’autre.
(ne serait-ce que ponctuellement) par exemple vous avez un chef dont les réunions s’éternisent et une fois il a su terminer dans le temps imparti remerciez le « j’ai apprécié que vous ayez rappeler l’ordre du jour lorsqu’une personne s’est éloignée du sujet car cela nous a permis de terminer à l’heure et j’ai pu avancer sur mon travail ».
Les signes de reconnaissance sont une forme d’amour, c’est donner de la valeur, voir le positif chez l’autre et participer à la restauration de l’estime de soi et des autres.

Des actions concrètes pour reconnaître les personnes :
• Le service RH pourrait mettre en place ou développer une politique des signes de reconnaissance positif comme au Canada.
• Chacun pourrait se saluer dans l’ascenseur !
• Donnez à une personne de votre entourage professionnel que vous appréciez un signe de reconnaissance positif et donnez un signe de reconnaissance à une personne que vous appréciez moins. Un peu plus difficile !
Soyez attentif à ce qui se passe au niveau de la relation et à ce que vous ressentez.

3.L’amour dans l'entreprise c’est être bienveillant envers l’autre.
Ce mot bienveillance est de plus en plus cité dans le monde des relations aujourd’hui mais attention Danger car ce mot est souvent mal interprété.
Etre bienveillant ce n’est pas taire ce qui ne nous convient pas, les dysfonctionnements car le mutisme, l’omerta crée des tensions, de la colère, des conflits latents qui provoquent des dégâts plus grands et freinent l’évolution de l’équipe, de l’organisation, des projets.
Donc être bienveillant c’est vouloir le bien de l’autre, prendre soin de la manière dont nous allons exprimer les désaccords, les mécontentements.
Lorsque j’ai des choses à exprimer suis-je sur un mode agressif ou assertif ? L’assertivité est cette capacité à oser et savoir exprimer ce que l’on pense et ressent dans le respect de soi et des autres.
Exemple ; un chef est très énervé, voilà plusieurs fois que sa secrétaire lui remet un rapport avec des erreurs ; le chef excédé et sous le coup de la colère pourrait lui dire « vous êtes incompétente » ce mode relationnel est agressif ; sur le registre assertif cela donnerait « cela fait plusieurs fois que je constate des erreurs dans votre rapport, je vous demande à l’avenir de faire une relecture en amont afin d’éviter ses erreurs »
Vous percevez la différence ? L’une est non respectueuse de l’autre alors que l’autre l’est.
De même l’assertivité permet d’instaurer une relation authentique où chacun est encouragé à exprimer ses besoins, ses limites, ses avis, ses désaccords.
Partager, échanger dans la bienveillance ça aussi c’est de l’amour.

Des actions concrètes pour créer un climat de bienveillance :
• Tous les niveaux hiérarchiques pourraient être sensibilisés, formés à la notion d’assertivité cette capacité à oser et savoir exprimer ce que l’on pense et ressent dans le respect de soi et des autres.

4.L’amour dans l’entreprise c’est s’intéresser à l’autre.

Dans le monde du travail on peut s’intéresser de différentes manières à l’autre.
Cela peut commencer par l’écoute, j’anime un module sur le thème : « Mieux communiquer dans les relations de travail » et je passe une demi-journée sur le thème de l’écoute, et ce n’est pas de trop, les stagiaires découvrent ce qu’est l’écoute véritable de l’autre.
Le plus bel exemple de « non écoute » ce sont les réunions de travail, chacun coupe la parole à son voisin, les personnes changent de sujet en le ramenant à elles, les gens n’écoutent pas les questions donc répondent en dehors des sujets ; les portables sonnent et les gens répondent …
La « non écoute » c’est aussi l’exemple d’un responsable qui reçoit son collaborateur pour un entretien et qui est en permanence interrompu par le téléphone.
Ecouter l’autre c’est se rendre disponible, c’est montrer à l’autre que ce qu’il dit a son importance, c’est être là, présent, c’est l’aimer !
S’intéresser à l’autre c’est aussi lui porter de l’attention.
Récemment une stagiaire me disait qu’elle sollicitait son chef depuis 4 ans pour avoir un rendez-vous et qu’il prétextait chaque fois ne pas avoir le temps !
Vous pouvez imaginer l’état d’esprit de cette personne, la frustration, les questionnements, pourquoi ne veut-il pas me parler ? Une remise en question, des moments de doutes, de stress, un peu d’insomnie…
De même lorsqu’un collaborateur évoque un besoin, une difficulté est-ce que je lui accorde du temps, de mon temps pour échanger, pour écouter ?
Donner du temps à l’autre c’est lui signifier qu’il est important, c’est là aussi un signe d’amour.

Des actions concrètes pour s’intéresser à l’autre : porter de l’attention, écouter :
• Les services Ressources Humaines, les managers, au retour de l’absence d’une personne pour congés maladie devraient prendre le temps de recevoir en entretien la personne pour prendre de ses nouvelles, l’informer de ce qui s’est passé pendant son absence et l’aider dans la prise de fonction de son poste.
Une personne travaillant à l’accueil avait été menacé d’une arme par un usager, ce qui l’avait traumatisée, on peut le comprendre, ni sa hiérarchie, ni le service ressource humaine n’a fait cas de cela. Elle est revenue sans que personne ne lui porte une attention particulière !
• Eteindre les portables en réunion ! Pour moi la seule exception à cette règle : s’il y a danger de vie ou de mort pour l’entourage de la personne et non la personne elle-même à qui nous pourrions porter les premiers secours !
Un Maire et une mère souhaitaient laisser leur portable allumé pendant des sessions que j’animais ; y-a-t-il une question de vie ou de mort ? Non, mais … chacune argumentant ; puis chacune a reconnu qu’elle pouvait attendre la pause pour lire ses messages.

5.L’amour c’est admirer l’autre pour ses qualités, ses compétences, son potentiel.
L’amour c’est admirer l’autre pour ses qualités, ses compétences, son potentiel.
Dans le milieu du travail ce serait de reconnaître le potentiel des membres d’une équipe pour faire face à une problématique, une difficulté ou avancer sur un projet.
Pour exemple une entreprise avait pour projet de refaire son lieu d’accueil, elle a fait venir architectes, experts, direction qui se sont réunis pour travailler sur le projet. A aucun moment le personnel de l’accueil directement concerné a été associé à ce nouveau projet. De fait des basiques n’ont pas été pris en compte et le personnel s’est senti frustré, non reconnu et la motivation s’en est ressentie. J’encourage les managers à faire appel aux forces vives de leurs équipes, les personnes ont des idées et des talents énormes qui peuvent permettre à une organisation de faire face à des impasses, des difficultés, d’innover, je le vois aussi dans mes coaching d’équipe, les idées innovantes, originales, simples, facilement applicables et à un coût moindre voire zéro, émergent du groupe, de l’équipe.
Et comme je dis en souriant aux managers : arrêtez de vous fatiguer à vouloir tout faire, tout trouver, laissez faire vos équipes. L’amour dissout les problèmes !

Des actions concrètes pour admirer l’autre :
• Pour la mise en valeur du potentiel des individus, le service Ressources Humaines, les managers pourraient solliciter les équipes pour développer un projet, faire face à une difficulté en organisant un « world café » un processus de travail convivial pour développer l’intelligence collective ou mettre en place des groupes de travail pour faire émerger de nouvelles idées, des solutions.

6.L’amour c’est avoir de l’indulgence envers l’autre :
Accepter l’autre dans ses limites , accepter qu’il ait pu faire des erreurs ou qu’il ait besoin d’aide pour faire face à une difficulté plutôt que de le juger ou de le dénigrer.
Par peur d’être jugées incompétentes, de ne pas être promues, voir d’être licenciées, les personnes ne montrent que la facette brillante d’elles-mêmes, partagent leurs savoirs, se montrent fortes face aux problèmes rencontrés mais la réalité est parfois tout autre, la personne est souvent en souffrance face à une difficulté qu’elle n’arrive pas à résoudre par elle-même. Si le climat était suffisamment sécurisant il permettrait à chacun de partager ses difficultés, ses erreurs et ainsi de permettre à l’équipe de trouver ensemble des solutions, de développer une solidarité entre les membres d’une équipe, d’être innovant dans la réflexion, dans les solutions car émanant du regard croisé d’un collectif.
Partager suffisamment tôt permettrait que de petites difficultés n’engendrent pas de grands dysfonctionnements.

Des actions concrètes pour avoir de l’indulgence envers l’autre :
• Apprendre à reconnaître et accepter ses propres limites afin d’être plus indulgent envers celles des autres
• Apprendre à écouter la personne afin d’identifier son besoin
• Poser des règles de non-jugement ,de protection pour permettre l’ouverture à la vulnérabilité de chacun

7. L’amour c’est avoir confiance en l’autre:
Quelle suspicion aujourd’hui dans les organisations ! Nombreux me disent faire des écrits pour se protéger, envoyer un mail à un collègue en mettant en copie les chefs et sur-chefs ! Pour une information qui n’a pas lieu d’impliquer l’ensemble de ces personnes. De plus cela augmente pour chacun le temps de traitement des mails.
Il est important de s’interroger sur les raisons de cette surprotection de la part des collaborateurs. Que manque t-il dans la roue de la confiance ?

Des actions concrètes pour développer la confiance :
Les services Ressources Humaines doivent impulser les principes de la roue de la confiance.(cohérence/transparence/reconnaissance/protection) (schéma dans ouvrage être soi dans ses relations- S.Grivel).

Conclusion :

Comment vous sentez-vous quand vous aimez et êtes aimé ? Vous sous sentez pousser des ailes, vous rayonnez, vous êtes heureux, vous avez envie de partager votre joie.
Si nous mettions un peu plus d’amour dans les organisations, l’énergie des personnes, des équipes seraient différentes, plus d’enthousiasme, de motivation, à l’intérieur et en direction de l’extérieur.

A l’heure où nous parlons de risques psychosociaux, à l’heure où le gouvernement, suite à l’actualité, incite les entreprises, les organisations à mettre en place des dispositifs, audits, pour repérer, évaluer, prévenir, mesurer, gérer ces risques commençons par remettre du bon sens avec des choses simples, facilement applicables pour un mieux- être de tous dans les organisations.

Alors si nous commencions tous par un pas aujourd’hui, un bonjour dans l’ascenseur ce matin, une collègue que je vais voir plutôt que de lui envoyer un mail, un merci à un collaborateur.

Armstrong a dit : « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité »
Je dirais : « Un petit pas par homme, un grand pas pour les organisations » !

Source : http://www.sylvie-grivel.com

 

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