L'érotisme s'offre à vous

Date  09.03.2002
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LIBIDO. Partez en quête de sensualité

Orchydia anime à Genève des ateliers d’expression érotique. Au menu: délices des sens et création artistique. L’approche séduit surtout les femmes, mais les hommes ne boudent ce nouveau plaisir.

Rien ne prédestinait cette mère de famille, professionnelle de la communication, à devenir la nouvelle prêtresse d’Eros en Suisse romande ! Tout a commencé par un concours de circonstances et de contes érotiques auxquels Orchydia C. - son nom d’auteur - a participé. Sélectionnée par le jury, elle a pu ainsi publier sa première nouvelle parue dans un ouvrage collectif (Les perles d’Eros, Editions Humus, 2000). « J’ai pris un tel plaisir à écrire que j’ai eu envie de partager avec d’autres », explique la jeune femme.

En décembre 2000 naissaient à Genève les ateliers d’expression érotique. A raison d’un ou deux ateliers par mois, à la librairie Corps et âme (lire encadré), la formule remporte un joli succès qui dépasse même les frontières de la cité de Calvin. Au point qu’Orchydia n’exclut pas de prospecter bientôt du côté du canton de Vaud. A condition d’y dénicher un lieu accueillant, le cadre des rencontres se révélant d’une importance cruciale, se dévoiler aux yeux des autres participants n’étant jamais chose facile. « Mais je ne les invite jamais à s’exhiber, les témoignages restent le plus souvent anonymes », poursuit Orchydia qui se défend de faire de l’art thérapie ou de la psychothérapie de groupe.

Pour libérer ce qu’elle appelle cette « énergie de création découlant de tout acte érotique », Orchydia choisit au gré de son inspiration différents supports: sculpture, gastronomie, écriture, parfum, danse. A chaque fois, elle s’entoure d’une « spécialiste », chocolatier ou parfumeur, qui amène son savoir-faire. Mais sans jamais oublier que le « meilleur aphrodisiaque reste l’imaginaire ». L’écriture étant son domaine de prédilection, Orchydia dispense elle-même aux participants conseils et techniques de dramaturgie permettant d’exprimer ce « murmure du désir » dont la finalité ne sera pas forcément l’acte sexuel.

Natacha, 35 ans, une fidèle des ateliers érotiques, a particulièrement apprécié les exercices de haïkus, petits poèmes japonais de quelques lignes. «J’étais émerveillée de voir ce que je pouvais écrire. C’était ma foi pas mauvais. » Un peu sur la défensive la première fois, Natasha a été séduite par ces rencontres « qui ne violent jamais l’intimité». «Ce que j’y ai appris ? Que la sexualité peut être légère et pleine de malice. Ce n’est malheureusement pas toujours l’image véhiculée par les médias.» Anouk, 38 ans, a participé une fois par curiosité. « Je pense avoir acquis aujourd’hui une certaine liberté sexuelle. Mais il est vrai que l’on n’est jamais au bout du chemin. »

Quant à Dorianne, 46 ans, férue d’écriture, elle a particulièrement apprécié les échanges dans le groupe, qui lui ont permis, parfois, de se « lâcher ». « Mais il reste très difficile de décrire ses sentiments. Pas seulement par pudeur, mais parce que l’érotisme reste un domaine très complexe ». A noter que les hommes, quasiment absents lors des premiers ateliers, commencent peu à peu à s’y intéresser, en couple ou en solo. Parmi eux, Eric, 46 ans : « J’ai l’impression que les hommes ont de la peine à dévoiler leur sensibilité. Peut-être viendraient-ils plus nombreux si l’on abordait directement la sexualité. Quant à moi, je considère que l’érotisme fait partie intégrante de la vie. J’ai tout à gagner en cherchant à élargir mes possibilités créatives ».

Encadré

Les plumes alertes ne se cachent plus
VENTE. Même si elle est marginale, la littérature érotique a toujours pu compter sur de fidèles adeptes.

Pour Orchydia l’écriture est le mode d’expression suprême permettant de laisser libre cours à tout son imaginaire. Un avis que partage Anne Valloton, la fondatrice de la librairie érotique Corps et Ame, à Genève. Celle-ci se refuse, d’ailleurs, de donner une définition de l’érotisme. « La sexualité est trop souvent schématiquement exposée dans les débats télévisés. » Elle constate aussi que depuis l’ouverture de la librairie, en octobre 2000, les femmes sont de plus en plus nombreuses à la fréquenter.

Si la littérature érotique existe depuis la nuit des temps, cet intérêt des femmes est nouveau, estime Michel Froidevaux, responsable de la Galerie Humus, à Lausanne, où se trouve en permanence un cabinet érotique. « Depuis une dizaine d’années, on voit apparaître de plue en plus d’auteures féminins. Cela permet un nouvel échange, plus fécond. » Reste que la littérature érotique ne nourrit pas son homme, ou sa femme, en Suisse romande ou ailleurs.

Un article publié en septembre dernier dans Livres Hebdo estimait que le chiffre d’affaire généré par la littérature érotique ne représente que 0,5 % des livres vendus par les magasins Fnac. Reste que cette production suit depuis de nombreuses années son petit bonhomme de chemin, constate Dominique Fries, responsable de la diffusion aux Editions Zoé, qui distribuent en Suisse romande plusieurs éditeurs spécialisés dans la littérature érotique. « Nous n’avons aucun besoin de nous battre avec les libraires. Ils savent qu’il y a une clientèle régulière et fidèle. »

Selon Dominique Fries, les écrits érotiques peuvent revendiquer une place de « vraie » littérature. « C’est une question de goût et d’histoire, mais jamais de style. Des auteurs reconnus, comme Régine Deforges, l’assument d’ailleurs complètement. » Une liberté qui n’a pas toujours existé puisque dans le passé, nombre d’auteurs célèbres ne signaient ces textes que d’un laconique « anonyme. » « Aujourd’hui, ces maisons d’édition cherchent à cibler les milieux intellectuels. Il y a un petit côté chic et BCBG dans cette production qui ne veut pas être assimilée à de la pornographie. » 

24 Heures, Elisabeth Nicoud, 9 mars 2002

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